Approche systémique en santé mentale: Une perspective féministe et queer
- nicolasnussbaumer0
- 14 juin
- 3 min de lecture
En cette journée du 14 juin, je publie ici une lettre que m'a écrite une médecin pédopsychiatre française après avoir lu l'article (en deux parties) que j'ai publié sur le site de l'Association vaudoise d'interventions et de thérapies systémiques, l'AVDITS https://www.avdits.ch/ Pour les personnes qui ne sont pas membres de l'AVDITS et n'ont donc pas accès à la "gazette" du site, je leur adresserai volontiers cet article sur demande à nicolas.nussbaumer@gmaill.com
Dr.e Léa Bourseau
Institut Régional d’Interventions Systémiques
13 Rue Victor Hugo, 69002 Lyon
Un coin de verdure, Juin 2025
Mon cher Nicolas,
Quel plaisir de te lire, et quelle responsabilité me confies-tu là en me demandant un
« commentaire critique » de tes écrits !
Sache déjà que j’ai beaucoup apprécié ce voyage en zig-zag que tu proposes : je retrouve là une forme de pensée en rhizome, telle que décrite par la pensée postmoderniste. Les approches systémiques sont à tous niveaux, clinique comme épistémologique, une invitation à vivre cette structuration complexe du monde, non linéraire, non binaire et évoluant en permanence dans toutes les directions.
Ton écrit est aussi une invitation à approfondir les concepts que tu exposes avec une capacité de synthèse dont j’avoue, je suis un peu envieuse ! La manière dont tu poses les jalons des concepts fondamentaux de Minuchin, Bowen, Satir, etc. sont une invitation à franchir la porte de leurs ouvrages.
Mais en toute franchise, ce qui a le plus résonné en moi, c’est l’intégration d’une perspective
féministe et queer. Cheryl White et Ann Epston (on les oublie souvent) étaient très engagées
dans les mouvements féministes1, et cela a influencé la thérapie narrative. En 2025, nous vivons une nouvelle vague féministe intersectionnelle : les mouvements sociétaux #MeToo,
#BlackLivesMatter, les procès en France dit des « viols de Mazan » et j’espère celui de Joël Le Scouarnec, mettent en lumière les oppressions systémiques dont sont victimes les femmes, les enfants, les personnes racisées, et nombre encore de personnes marginalisées. Des voix s’élèvent : Adèle Haenel, Judith Butler, Megan Rapinoe, Juliet Drouar… qui prennent la suite de bell hooks, Monique Wittig, Audre Lorde, Virginia Woolf… Le « backlash » (retour de bâton) qu’i.elles subissent aux Etats Unis est à la hauteur de leur colère et de la faille qui est en train de s’ouvrir dans le monde patriarcal tel que nous le connaissons.
Et quel plus beau bastion que la Famille pour assoir une domination sur les plus faibles (femme, enfants, autres groupes dominés…) : les violences systémiques commencent là. Et quelle plus belle réponse que les approches systémiques, leur richesse, leur complexité et leur ouverture ?
Pour te remercier, j’aimerais te faire un contre-don : ce sont quelques questions-perles,
précieuses, échangées avec Charlie entre 2022 et 2024, avant qu’yel nous quitte, que nous
aurions aimé poser au monde des systémicien.ne.s :
- Sur quelles représentations alternatives (non blanche, non hétéro, non cis-genre etc) astu
pu t’appuyer lors de ton parcours professionnel ? Quelles valeurs ou idées en retirestu
qui t’éclaire auprès des personnes accompagnées ?
- Comment s’incarne ton engagement au niveau professionnel, au quotidien ?
- Dans quelles situations a-t-on exercé un pouvoir sur toi, et as-tu exercé un pouvoir sur
les autres ? Qu’en as-tu appris ?
- Quels sont tes privilèges dans la société, et qu’est-ce que cela te retire ? Qu’est-ce que
cela retire aux autres ?
Bonnes réflexions, et comme tu le dis si bien en pays Vaudois,
« Avec trois gros becs »
Léa
Réf. White, C. (s.d.). Where did it all begin? Reflecting on the collaborative work of Michael White and David Epston. The Dulwich Centre.
Kommentare