Les puissants, les anges et les ânes
- nicolasnussbaumer0
- il y a 6 jours
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En préambule, je voudrais partager quelques impressions d’un beau voyage m’ayant permis de visiter récemment Prague, Vienne, Budapest et Istanbul. Au-delà des peintures magnifiques, Klimt, Schiele, Mucha, du musée du communisme à Prague, de la musique sublime de Brahms à la Philharmonie de Vienne, des nombreuses vierges à l’enfant de la Renaissance, dans différents musées, qui chaque fois me touchent profondément, de la magnificence de Sainte-Sophie, du palais de Topkapi, de la citerne-basilique ainsi que du Grand Bazar d’Istanbul, j’ai perçu, en filigrane, les tremblements des innombrables guerres des vingt-cinq derniers siècles entre rois, empereurs, papes, sultans, ainsi que plus récemment, les horreurs perpétrées par les fascistes nazis, par les totalitaristes staliniens, et, en Amérique, par les dictateurs d’Amérique du Sud soutenus par les Etats-Unis, pour ne citer que les mieux documentées.
Dans mon carnet de voyage, j’ai noté une synthèse en trois points :
1+ Dans l’histoire du monde, les artistes précèdent toujours les puissants, empereurs, rois, devenus aujourd’hui les milliardaires et les GAFAM ou GAMAM, car ceux-ci ont trop à perdre des changements.
2+ Malgré leurs promesses, aucune monarchie constitutionnelle, aucun gouvernement communiste, aucun état fasciste, aucun pays démocratique - à fortiori aucune puissance exclusivement financière telles les GAFAM/GAMAM - n’a pris sérieusement en compte les besoins des pauvres, des femmes, des vieux, des enfants, des plus faibles en somme.
3+ un penseur ou un philosophe est aussi un artiste. Christian Bobin, dans « Le Très-Bas », nous raconte comment un peuple d’esclaves s’est mis en route vers la terre promise. Mais ce qui est fatigant, c’est l’espérance, alors ils désespèrent. Ils arrivent dans le pays de Moab, mais le roi Moab ne veut pas d’eux dans son royaume et demande à Balaam, mage maléfique, d'entraver leur route. Et c’est alors que l’ânesse qui porte Balaam voit un ange, tenant une épée, qui lui barre la chemin. Balaam jure et frappe l’ânesse qui refuse d’avancer. Et puis elle se couche et se met à parler. Elle raconte la vision de l’ange, par trois fois, la volonté de Dieu d’empêcher Balaam d’accomplir sa sale besogne. Et Balaam alors seulement comprend et renonce à gêner l’avancée des ombres (...).
J’ai retenu deux choses avec Christian Bobin :
1+ Les ânes voient les anges.
2+ La solution peut fort bien sortir de la bouche d’un âne.
Référence: Bobin C., 1992. Le très-Bas. Gallimard, Paris, 89-90.
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