Approche systémique et résonance en psychothérapie individuelle et dans les thérapies de couple ou de famille
- nicolasnussbaumer0
- 8 nov. 2024
- 3 min de lecture
Aspects théoriques et pratiques à l’usage des psychothérapeutes
Dr Nicolas Nussbaumer-2024- d’après Dr Mony Elkaïm-2004-
Introduction théorique: A partir des années 1980, avec von Foerster entre autres, le constructivisme a bouleversé ce que l’on appelle « la réalité ». Celle-ci, dans ce qui sera désormais « la cybernétique de second ordre », est une co-construction générée par les personnes qui appartiennent à un même système. La-e thérapeute fait partie du système thérapeutique (« postmodernisme »).
Conséquence pour la-e thérapeute : ses hypothèses ne sont pas séparables d'iel-même, de son histoire et iel se dit :
tout ce que je suis se retrouve dans le creuset de mes interventions.
Dans les couples, l’on retrouve très souvent une amplification d’un élément de l’histoire de l’un en résonance avec un (autre) élément de l’histoire de l’autre : ce que nous reprochons à notre partenaire a fréquemment la fonction de renforcer notre propre carte du monde. A l’inverse, il existe des couples dont l’un ou l’autre ne revit pas l’expérience douloureuse d’une précédente vie de couple ou de sa « première » vie dans sa famille d’origine. Dans « le couple thérapeute-patient », si l’on considère l’irritation d’un-e thérapeute dans la relation thérapeutique, l’on peut se demander quelle est la fonction pour le patient de cette irritation de la-e thérapeute ?
Telle thérapeute, par exemple, a un comportement très protecteur à l’égard d’un patient ; celui-ci revit avec elle l’expérience qu’il a eue avec sa mère qui l’a toujours traité comme un enfant. Le patient a « sculpté » la thérapeute pour qu’elle le protège comme sa mère tandis que celle-ci, pour des raisons liées à sa propre histoire, a pu elle aussi contribuer à faire surgir chez lui la possibilité qu’il la façonne ainsi. La partie protectrice de la thérapeute amplifie chez le patient la répétition de l’expérience qu’il a eue avec sa mère et sa demande de comportement protecteur va renforcer chez elle des éléments de croyance jusque-là enfouis.
La thérapie consiste à repérer cette danse relationnelle et à proposer, une fois la danse du patient reconnue – grâce entre autres aux résonances de la thérapeute qu’elle découvrira parfois en supervision – d’autres pas, à proposer une autre danse, ouverte au changement.
La résonance est cette configuration particulière où, à l’intersection de parties de leurs histoires, des personnes se mettent à vibrer, à « résonner », sur le même thème.
Ce concept est essentiel dans les relations thérapeutiques mais aussi dans les groupes de supervision et dans les groupes de formation. Ainsi, la fonction de la résonance est de maintenir les constructions (ou cartes) du monde de la famille ou du couple qui consulte, de la-du thérapeute et aussi de la superviseuse ou du superviseur.
La double interrogation posée à la thérapeute est donc :
+ A quoi renvoie cette résonance dans son histoire personnelle ?
+ Quelle est la fonction de ce vécu, de cette résonance pour le patient ou le couple ou la famille qui consulte ?
Mais souvent la formatrice ou le formateur de même que la superviseuse ou le superviseur de heurte à un obstacle : il arrive fréquemment que la-e thérapeute en formation ne puisse rien évoquer de particulier. L’on peut alors soutenir le processus en lui demandant par exemple de se concentrer sur ce qui lui pose problème dans cette famille tout en associant librement sur d’autres thèmes, OU lui demander de décrire ce qu’iel voit par la fenêtre, OU de choisir trois couleurs et de faire un tableau qui les mettra en valeur, OU encore s’il s’agit d’une émotion, d’un malaise mais incompréhensible, de lui demander de «monter dans la machine à remonter le temps» et de dire où, à quel âge iel veut qu’on arrête la machine…
Conclusion : Le vécu de la-e thérapeute ne peut s’amplifier que parce qu’il a une fonction dans le contexte présent ET nous sommes tous toujours en résonance comme Monsieur Jourdain qui fait toujours de la prose sans le savoir ! L’analyse des résonances n’est nécessaire que s’il y a blocage du système thérapeutique (ou encore si celui-ci tourne en rond, ce qui est pareil).
Bibliographie : Elkaïm M., 2004. L’expérience personnelle du psychothérapeute : approche systémique et résonance. Psychothérapies, Vol. 24, N°3, 145-150.
Comments